Un bon résumé

Un bon résumé (écrit à l’occasion de la 30ème Artifoire)

PLUS DE 30 FOIRES : 

PLUS DE 30 ANS D’UNE HISTOIRE SIMPLE

Plus de 30 Artifoires ont été organisées à Hollain depuis 1975. Avec des artisans et des artistes du Hainaut et du Nord de la France, mais aussi de Bolivie, de Slovaquie, du Portugal, de Russie, du Northumberland,  d’Ukraine, du Sénégal, de Macédoine, de Galice, de Lettonie, de Sardaigne, de Hongrie, du Jura suisse, de Roumanie, de Moldavie, de Pologne.

Depuis la Libération, la fête nationale, le 21 juillet, était célébrée à Hollain, en bord d’Escaut, par des joutes essentiellement nautiques et un feu d’artifice. Dans les années ’65-’70, la fête est tombée… à l’eau.

C’est en 1975 que tout a (re)commencé: le 21 juillet est devenu la fête de l’artisanat. Norbert Duroisin, tailleur de pierre, et Daniel De Mey, électricien, étaient de l’équipe de départ.

Norbert Duroisin: Il y avait eu à l’école des garçons, au début des années ‘70, une exposition de tableaux. J’ai alors proposé à Monsieur Albert, l’instituteur, d’organiser une foire avec quelques artisans du village. Il disait que ça ne marcherait pas. Mais l’idée a fait son chemin…

Daniel De Mey: Tous les lundis, j’allais boire une pinte au café Wiels, chez Roger Loy. J’y retrouvais Monsieur Albert, Edouard Fromont, Dodor et beaucoup d’autres. Un lundi du mois d’août 74, Monsieur Albert a raconté que la veille il était allé à la fête de la moisson de La Hamaide. Il s’est dit que nous pourrions faire une fête de ce style-là, mais centrée sur les vieux métiers.

C’est ainsi qu’une première équipe se forme avec  Albert Leclercq, Norbert Duroisin,  Serge Duhayon et Roger Loy. Rapidement, ils trouvent de l’aide auprès de Daniel De Mey, Charles Bacart, Jules Velghe et plusieurs autres. Le 21 juillet au petit matin, ils montent sept stands  sur la place de l’église et dans la petite rue qui sera rebaptisée (quelques années plus tard) ruelle des Artisans. Durant toute la journée, les artisans du village y démontreront leur savoir-faire.

Il y avait là

Norbert Duroisin, le tailleur de pierre,

Edouard Fromont, le ciseleur sur pierre,

Léonce Henneton, le forgeron,

Maurice Henneton, le charron,

Jean Lemaître, le tonnelier,

Lucien Maton, le rempailleur,

et Serdu, le dessinateur.

S’y ajoute Albert Leclercq qui gravait le verre.

Serdu et Monsieur Albert s’occupent de l’organisation générale, Daniel De Mey  du montage et de l’électricité (On prenait le courant au bistrot de Roger Loy mais ça sautait tout le temps!), les jeunes vendent des gaufres, Jules Velghe vend des textes de chansons pour alimenter la caisse de la foire. L’entrée est libre: la volonté du comité, dès le début, est d’organiser une fête gratuite, à laquelle chacun puisse participer sans même dépenser le moindre franc. Cette première fut un succès.

N.D.: Cette première foire, c’était un saut dans l’inconnu. On a commencé sans un centime et on a fait un premier bénéfice de 15.000 francs. En 25 ans, on n’a jamais été en déficit. Mais il faut dire que la Foire a toujours été bien gérée et qu’il y a toujours eu une entente parfaite entre nous. On ne parle pas de politique, on poursuit tous le même but. Et avec un comité composé à la fois d’intellectuels et de manuels, ça donne de bons résultats. Pour moi, ce qui est important, c’est d’initier les jeunes, leur donner envie d’apprendre un métier. Celui qui sait faire quelque chose de ses mains trouvera toujours un métier. On ne travaillera pas tous dans un bureau!

D.D.M.: Tout Hollain est venu. On n’avait pas imaginé organiser cette foire tous les ans, mais la foule était là et elle appelle la foule… La foire a rapidement grandi. La deuxième année, on a installé un petit chapiteau sur la place de l’église. C’est cette fois-là qu’en entrant dans le café le matin, j’ai demandé à Marcelle la clé du chapiteau. Elle a retourné tout le bistrot pour la trouver! Quand Roger est entré, il lui a demandé pourquoi elle déménageait tout. Elle lui a répondu qu’elle cherchait la clé du chapiteau. Il lui a dit: “M’enfin, Marcelle, c’st ène tente!”  Je me suis enfui!

D’autres artisans venus du Tournaisis se joignent à ceux du village. Les animations se diversifient: marché aux puces, parachutisme, bal. “Le Martien” de Laplaigne est venu jouer de la musique avec ses enfants; René Mol, son orgue et sa trompette ont rapidement été de la fête.

D.D.M.: A l’époque, la place de l’église n’était pas encore macadamisée, elle était recouverte de scories. J’ai commencé à chanter “la Chenille”, accompagné par René et on a lancé une farandole, la poussière est rapidement montée du sol malgré le plancher. Les gens sont sortis tout noirs du chapiteau. Tout noirs mais heureux!

Rapidement, pour être plus à l’aise, l’Artifoire s’installe sur la place Verte. N.D.: Monsieur Albert disait qu’on n’allait pas nous voir là-bas….

Jean Leseultre assure la présidence de l’association, Pierre Mory s’occupe de l’animation, Louis Deltour (oui, Louis Deltour, celui-là même qui avait fondé après la guerre avec Roger Somville et Edmond Dubrunfaut le Centre pour la rénovation de la tapisserie de Tournai et le groupe “Forces Murales”) prend en charge la partie artistique avec les peintres et dessinateurs du coin.

Le Picard monte sur scène avec Daniel Barbez, Zo, Jean-Pierre Hennebo, Paul André, Paul Mahieu mais aussi tous les Hollinois qui aiment pousser la chansonnette: Anne-Marie Deroeux, Dodor, le Lynx et tant d’autres.

Le picard cède ensuite le pas au portugais, au slovaque, à l’anglais, au russe: depuis la fin des années ‘80, l’Artifoire s’est ouverte à l’Europe, accueillant artisans, danseurs et musiciens de différents pays.

N.D.: L’Artifoire est le rendez-vous convivial du village et en même temps c’est une fête qui représente bien l’Europe, l’entente entre les peuples. Les échanges avec les artisans étrangers créent des liens d’amitié et un grand enrichissement.

Chaque année, l’Artifoire accueille ainsi un groupe folklorique accompagné d’artisans, tous venus  spécialement pour la fête, y offrant un regard sur leurs traditions, leurs techniques et leurs talents.

Beaucoup de ces rencontres perdurent : des liens d’amitié se sont noués, les contacts et les retrouvailles sont fréquents.

Au long des trois jours de foire (le 21 juillet et le samedi et le dimanche les plus proches), une soixantaine d’artistes, artisans et producteurs proposent aux visiteurs leurs peintures et leurs dessins, leurs bois taillés, leurs broderies et leurs couteaux, leurs fromages et leurs apéritifs.

Les disciplines à découvrir et les objets à acheter sont très divers : pierre taillée, artisanat péruvien, objets médiévaux, verre gravé, broderie, paille tressée, objets en cuir, en crochet ou en étain, fer forgé, décoration florale, dentelle de Bruxelles, bijoux, métaux gravés, coussins, livres, bois découpés, poteries, poupées, photos, tapisserie de haute lisse, etc. Tous les artistes et artisans travaillent devant le public.

Les fins gourmets ont le choix parmi les glaces et chocolats, les salaisons et fromages, les apéritifs et liqueurs, les nougats et sucettes, les tartes au maroille et les gaufres.

Le samedi est le jour de la Foire des Jeunes : les enfants et les jeunes peuvent s’initier aux diverses techniques pratiquées par les artisans et artistes présents à l’Artifoire. De quoi susciter, espérons-le, des vocations…

Les notes se bousculent sur la Place Verte de Hollain durant trois jours et quatre soirées : musette, chanson française, jazz, musique folklorique, fanfare et même rock, tous les styles musicaux sont à la fête. Comédiens, illusionnistes et marionnettistes font la joie du public de 2 à 102 ans.

Tous ces spectacles concerts et animations sont entièrement gratuits. Comme l’entrée à l’Artifoire.

A BOIRE ET A MANGER

L’Artifoire est aussi un rendez-vous des gastronomes : on n’y mange pas que d’excellentes frites ou croque-monsieur, mais aussi du cochon grillé à la broche, des tartines au fromage de brebis, des glaces, des gâteaux faits maison… On y vient pour les bières régionales et les vins de fruit ou de plante.

C’est pour tout cela aussi que se pressent, chaque année, sur la Place verte des milliers de visiteurs.